Il ruisselait dans un magnifique endroit

Un petit plan d’eau blotti au milieu des bois

Peuplé de poissons à foison

Nageant heureux au milieu des joncs

Il y vivait cependant de drôles de gens

Des cygnes gras et pas marrants

Et d’innommables cormorans

On y dénichait également des martins pêcheurs

Revêtus de leurs splendides couleurs

Un héron battait la mesure

Des bécasses et des bergeronnettes

Poussaient la chansonnette

Les grenouilles et autres poules d’eau

Se disputaient le bord de l’eau

On pouvait toutefois y croiser une caille

Jolie, gentille et discrète

Et surtout un drôle de Canard

Timide, pudique mais bavard

Ces deux-là s’étaient trouvés

Et durant de longues années

Ils tuaient le temps à rire et à boire

Ne voyant aucune issue funeste à leur histoire

Ils papotaient, barbotaient, déjeunaient

S’oubliant parfois de longs mois

Et puis se retrouvaient avec le même émoi

C’est par un joli matin entre deux nénuphars

Qu’un regard a fait chavirer cette histoire

Ils n’étaient pas habitués à moins de légèreté

La caille margotait et rouspétait

Le Canard cancanait et paniquait

Mais quand un moment rassemble, rien n’est impossible

Les deux, complices, ont fini par trouver l’équilibre

Qu’est-il arrivé à la Caille ?

Qu’est-il advenu du Canard ?

Nul ne connait la fin de l’histoire

Mais il se murmure, au bord de l’étang

Que le temps que cela a duré, ils se sont bien amusés.